17 mars 2010

Une journée dans ma vie d'enseignante

Le professeur masqué a lancé un défi intéressant la semaine dernière. Le défi de raconter une journée de classe. Pas pour impressionner, "flasher", recevoir des fleurs ou le pot. Juste pour donné une photo de notre quotidien.

J'ai décidé de participer. Je me garderai d'être trop précise, je tiens toujours à préserver la confidentialité concernant ma direction, mes collègues, mais surtout mes élèves.

Alors, allons-y !!

7h50 : arrivée à l'école. J'ai une rencontre à 8h, mais j'ai le temps de mettre ma boîte à lunch au frigo, de me préparer un thé chai et de converser avec mes amies (un seul enseignant masculin dans notre équipe de niveau!!). Car cela fait plusieurs années que notre équipe-niveau est stable, nous aimons bien travailler ensemble.

8h00 : rencontre niveau. On discute évaluation, activité (ou non) de fin d'année, quelques cas urgents d'élèves.

9h05 : fin de la rencontre. Je retourne à la salle des enseignants chercher ma liste d'appels faits la veille. Vu que j'ai la première période libre (sans présence d'élèves), je décide de commencer par aller rencontrer l'éducateur spécialisé de notre niveau. J'ai quatre dossiers d'élèves pour lesquels j'aimerais avoir les plus récents développements. Je suis chanceuse !! Je l'accroche avant qu'il débute une rencontre. Ma chance ne s'arrête pas là. La psycho-éducatrice est à l'école, je discute d'un élève dont elle a le dossier entre les mains.

Je retourne à ma salle d'enseignants. Je dois continuer de faire des appels de suivi de dossier pour mes élèves tuteurs. Quelques petits cas de retards mais d'autres plus sérieux. Je suis chanceuse, tous les parents avec qui je parle collaborent très bien, les conversations sont fructueuses.

Je lève les yeux, il est déjà 10h20. Déjà !! La première période se terminera dans quinze minutes. Je vais noter rapidement tous mes appels dans mon cartable de gestion (question de ne pas perdre le fil) puis je vais à la cafétéria. J'ai toujours aimé les galettes d'avoine de la cafétéria. Surtout quand j'oublie ma collation chez moi...

10h50: Début de la deuxième période, je suis avec mon groupe-tuteur. Nous sommes en situation d'évaluation, le cours débute rondement car les élèves savent ce qu'ils ont à faire. Je prends les présences, puis je débute ma ronde pour répondre aux quelques questions. Mes téléphones faits la veille ont porté fruit : diminution drastique des retards !!!

12h05 : dîner ! Depuis que j'ai demandé un congé sans solde à temps partiel, ma tâche consiste à enseigner et être titulaire d'un groupe. Je n'ai plus de surveillance ou de mandats. Mes heures de dîner sont consacrées à manger, discuter, puis barrer ici et là quelques items sur mes listes. J'ouvre parfois mon local pour aider des élèves qui étaient absents, puis pour encadrer certains de mes étudiants.

13h15 : début de la troisième période. J'explique le travail d'écriture. Pour certains élèves, je fais certains aménagements car leurs place en classe ne convient pas. J'écris des mémos à certains parents.

14h45 : début de la quatrième période. Le cours débute par une vague et quelques soubresauts. Le fait que ça soit une dernière période ? Le fait que ça soit ma classe qui soit la plus hétéroclite en termes de clientèle ? Le fait que ça soit mon groupe le plus nombreux (33 élèves) ? Je vois bien que certains élèves ont des comportements qui ne sont pas acceptables. Nous avons un local de retrait qui est utilisé dans cette situation. Le climat redevient calme, je reprends l'aide individuelle. Ça m'a quand même pris quinze minutes pour passer à travers ce moment.

16h00 : je quitte pas très longtemps après les élèves. Je vais chercher ma fille à son service de garde, discute bouffe avec l'éducatrice (par sécurité, ma fille a des allergies alimentaires !). Va ensuite chercher fiston.

(...)

19h45 : les enfants sont dans leurs lits. Ne dorment pas, mais je vais débuter mes appels aux parents. Un appel pour confirmer un suivi de dossier, un appel pour clore un sujet, puis appels aux parents de certains élèves de la quatrième période.

J'aime mieux prolonger mes heures de travail que de laisser traîner ces dossiers. Et puis, les parents apprécient avoir rapidement les détails et ma version des faits.

20h35 : ma journée d'enseignante est terminée. Je réalise que je devrai passer en mode correction d'ici la fin d'étape. J'apporte quelques copies chaque soir. Des objectifs réalistes. Dans mon ancienne vie (avant d'avoir les enfants), j'avais évidemment plus de temps pour travailler à la maison. C'est un deuil qui a été difficile à faire.

J'ai trouvé cet exercice assez difficile à faire. Je suis tellement fière de faire ce métier depuis onze ans, je trouve mon récit drabe et peu coloré. J'aimerais tant vous parler des élèves qui, à chaque jour, vivent de belles réussites et des exploits de dépassement. Des conversations que j'ai avec les parents, qui sont présents pour aider leurs enfants. Des démarches que je poursuis pour aider les élèves qui ont besoin d'aide ou d'outils.

10 commentaires:

  1. Je l'aime bien moi, ton récit ! :0)

    Il ressemble à la réalité quotidienne d'un prof, tout simplement !

    Bravo pour tous ces suivis. Je sais que c'est exigeant, mais au nom des parents, merci ! ;0)

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  2. C'est rassurant de voir que des enseignants prennent si à coeur le bien-être et la réussite des enfants. Félicitations! Je l'ai dit et le redis, la profession d'enseignant doit être une vocation!

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  3. Drabe? Non. On comprend très bien que tu ne peux pas donner de détails, c'est très professionnel de ta part! C,est intéressant pour moi qui n'ai connu l'école que du côté de l'étudiante.

    Ça doit être agréable que les parents collaborent. On entend souvent des histoires d'horreur; je suis contente de voir que ce n'est pas toujours le cas.

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  4. Anonyme7:53 p.m.

    Je suis contente de lire ton quotidien. Tu m'en parles parfois, mais avoir un portrait dressé comme cela, rend très concret la réalité d'une enseignante (maman de jeunes enfants!) et de la conciliation travail-famille (donc tes heures de travail à l'école et tes heures de travail hors-école).
    Bravo Isabelle d'être dévouée pour tes élèves et tes enfants.
    Ta soeur xxxx

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  5. La journée que j'ai décrite a été une journée difficile, j'étais épuisée à 16h.

    Les groupes se suivent et ne se ressemblent pas (mais je suis chanceuse, j'enseigne la même matière et à des élèves de même niveau).

    Je me mets à la place de ces parents, j'aimerais bien être tenue au courant. La coupure entre le primaire et le secondaire, au niveau de la communication, elle est énorme.

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  6. J'ai mis ton texte en lien chez moi.

    J'aime bien que tu montres que ta journée ne finit pas à 16h00...

    Merci d'avoir répondu à mon invitation!

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  7. Merci au prof masqué d'avoir mis ce lien!

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  8. J'ai eu ton lien via Prof masqué, je vais aussi t'ajouter chez moi.

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  9. Anonyme10:40 a.m.

    Je suis un prof à la retraite. Combien je sais tout le travail que cela demande au fil des jours et des années. Bon courage.

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  10. Wow, Isabelle ! Merci de partager.

    Ce fut un deuil pour toi de travailler MOINS chez toi ? Moi, ça me rendait dingue. Je tentais de revenir chez moi le sac vide et la tête vide, mais c'était impossible. Téléphoner aux parents le soir me replongeait dans les stress du jour, mais je payais encore plus cher si je ne les rejoignais pas (sauf des cas du genre de cette mère disjonctée : "êtes-vous en train de me dire qu'il faudrait que je fasse ma job de parent ?!")

    Je t'admire de faire ce métier non seulement avec engagement (ce que je faisais) mais avec zenitude (ce qui m'a complètement échappée !) Faut dire que jamais des collègues n'auraient accepté de rencontre pendant 1 h le matin et que j'ai toujours eu au moins 3 préparations de cours différentes... Pas eu de chance, peut-être..

    Encore bravo ! :)

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