13 septembre 2009

L’école et les allergies – 2e partie

Pour faire suite à ce billet, toujours à la même rencontre de parents, l’enseignante de ma fille nous a accueillis dans le local de maternelle.

C’est l’occasion de parler de la routine, du déroulement de la journée, des particularités et des détails importants.

Elle a donc averti le groupe qu’une enfant d’une autre classe était allergique aux poissons et fruits de mer. Cette enfant utilise le service de garde le dîner, donc si nous voulions éviter de faire des lunchs avec ces aliments, ça serait apprécié.

Elle a aussi mentionné que dans la classe, il y avait une élève allergique aux oeufs, kiwi, noix et arachides. Donc si possible, d’éviter le kiwi comme collation et d’éviter les oeufs dans le lunch.  J’avais bien sûr parlé des allergies de ma fille avec l’enseignante, lui mentionnant que ma fille était sensibilisée au danger, ne partageait pas son repas, ne prenait pas les aliments des autres.  Je ne lui ai pas fait de demandes particulières, jugeant que c’est elle qui déciderait de l’attitude à adopter et des mesures à prendre.

Vous auriez dû assister aux différents états d’âmes qui ont circulé pendant ces annonces.  Il y a d’abord les “ayoye” et “oh boy” de compassion et d’étonnement à l’écoute de la liste des aliments à éviter pour ces enfants. Et puis là, quand on touche la question d’éviter d’utiliser ces aliments… ça crée de la frustration, le désarroi, un sentiment de privation.

J’ai choisi de ne pas intervenir dans le débat prof-parents qui a suivi. Si la zone de confort de l’enseignante et de la responsable du service de garde c’est de demander d’éviter, eh bien, c’est parce que ce sont elles qui doivent gérer ce quotidien.

Du côté des parents, ça doit être un réflexe bien normal de penser aux effets que cela aurait dans leur vie. Sentiment de privation (“eille, on pourra juste leur donner des sandwiches au poulet et au jambon”). Ça demande aux parents de ne pas tomber dans le “tout préparé” qu’offrent les épiceries. De voir au-delà du traditionnel sandwich, pour les lunchs.

Il reste encore, en 2009, du chemin à faire pour faire connaître ce qu’est le quotidien des personnes ayant des allergies alimentaires. J’ai senti une légère colère envers cette enfant qui leur compliquait la vie. 

 

 



Dans notre quotidien, on mange des oeufs et Sophie est assise à côté de nous. Mais nous sommes des adultes et nous nous lavons les mains et la bouche après. Difficile de superviser 19 enfants en classe et une trentaine dans le local du service de garde. Je les comprends de vouloir mettre toutes les chances de leur bord.

En revenant à la maison, ce soir-là, j’ai dit à mon conjoint de se préparer, qu’on aurait sans doute à vivre les déceptions d’une jeune fille de cinq ans. Ma fille qui ne serait pas invitée à jouer chez une amie parce que ça fait peur, des allergies. Qui ne serait pas invitée à une fête. Et pourtant, depuis quatre ans, je sais bien que l’on peut éduquer, sensibiliser, expliquer, dans le but d’inclure ma fille dans toutes ces activités.

7 commentaires:

  1. Bravo!!!

    Je regarde la situation comme maman qui enseigne aussi et je trouve ça très bien comment se passe cette rentrée scolaire...

    En plus de vivre avec la "différence", on se retrouve à avoir un double travail, car on doit éduquer et sensibiliser en plus.

    Bravo encore!

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  2. Déjà d"avoir à vivre au quotidien avec les allergies, subir la réaction des autres parents ne devait vraiment pas être agréable !

    Mais comme ces parents, j'ai vécu l'autre côté de la médaille. Ma fille s'est vu interdire de manger son repas car nous avions oublié de ne pas lui envoyer des oeufs ! La réaction est probablement au niveau du "ha mon doux comment je vais faire pour ne pas oublier ?" plutôt que des contraintes comme tel. En tout cas, moi, c'est comme ça que je le vis.

    Il y a aussi que les éducatrices des services de garde et les enseignants poussent parfois un peu trop à l'extrême. Entre éviter et interdire, il y a quand même une marge. Nettoyer sa bouche et ses mains après avoir mangé devrait être la norme. Pourquoi simplement ne pas donner cette saine habitude aux enfants ? Enfin bref...

    Bien que je ne mette absolument pas en cause la gravité des allergies et l'importance de protéger le jeune enfant de ses allergènes, je trouve parfois qu'on exagère au niveau du fonctionnement...

    Mais enfin bref... j'espère que tu ne me trouves pas trop dure aujourd'hui... j'imagine ce que ça doit être de vivre avec les allergies au quotidien... et je te trouve bien courageuse ! xx

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  3. Mamanbooh: comme prof (même si c'est au secondaire), je voudrai toujours que les élèves puissent vivre les mêmes activités et quand ça s'est produit, j'ai acheté de la nourriture que tout le monde pouvait manger.

    Renée-Claude: je comprends, car je comptais beaucoup sur les sandwiches au thon, que ma fille adore, pour varier ses repas. Comme je l'écrivais il n'y a pas longtemps, c'est déjà une tâche énorme de faire des lunchs, en plus si on les fait "tout-maison".

    Je réfléchissais à la décision d'interdire oeufs et poisson, mais ça peut donner une fausse impression de sécurité.
    1) qu'en est-il des yogourts enrichis d'Oméga 3 (avec de l'huile de poisson) ?
    2) qu'en est-il de la mayonnaise, des trempettes au tofu, vinaigrettes et des aliments dont on ne connait pas les ingrédients (muffins maison, biscuits) ?

    C'est pour ça que je préconise moi aussi l'éducation et j'ai tenté de rendre Sophie vocalement alerte sur ses allergies et lui faire connaître les règles de sécurité. D'ailleurs, son défaut d'avoir une rigidité au niveau du fonctionnement m'aide grandement pour ses allergies !

    Je trouve tes commentaires très sains, Renée-Claude.

    Je n'en revenais quand même pas de voir et d'entendre les parents, sans qu'un seul ne réalise qu'ils parlaient de la situation ainsi et que probablement le parent de l'enfant allergique, lui, écoutait...

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  4. Tiens, la fin de ton billet rejoint ce que j'ai écrit hier. Je veux pouvoir être une bonne hôte pour les enfants allergiques dans mon entourage! Je ne veux pas avoir à exclure un(e) ami(e) d'une fête à cause d'une allergie, mais je ne sais pas trop quel degré de précautions prendre. Outre la bonne volonté (que certains parents n'ont peut-être pas, parce qu'ils n'aiment pas cuisiner peut-être?), je me rends compte que la meilleure chose est d'en parler avec les parents des enfants en question.

    Au niveau des lunchs pour l'école, je ne le vivrai que dans quelques années et même si je compte collaborer avec les directives d'évitement d'aliments, j'espère quand même qu'il n'y aura pas trop d'enfants avec des allergies différentes dans la classe de mon fils, histoire de garder un petit peu de latitude... et comme Renée-Claude, je sens que je vais parfois oublier (par exemple, donner le reste du souper de la veille sans penser qu'il y a des crevettes ou des oeufs dedans...). Ça m'est arrivé à la 1e garderie de mon fils, une halte-garderie où il fallait fournir tous les repas. En lavant ses plats à lunch un soir, je me suis rendue compte que je lui avais donné un reste de sauté aux légumes avec de la sauce aux arachides! OUPS!

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  5. C'est le manque de diplomatie de sensibilité des parents qui me tuent. Un peu comme ces histoires de passants qui commentent à voix haute le passage d'un non-voyant, comme s'il n'avait pas d'oreilles !!! Dans ton histoire ils ont juste "oublié" que le parent de l'enfant allergique devait être présent ! Non mais !

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  6. J'ai déjà vécue une situation semblable lors d'une rencontre avec le professeur et tout comme toi, j'ai choisi de ne pas m'identifier comme étant la mère de l'enfant concerné. Je crois que ça permet de ne pas personnaliser la discussion.

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  7. J'ai absolument pas rapport dans la discussion mais je voulais te dire que j'ai parcouru ton blog et je te trouve très sympathique :)

    Ayant habité St-eu pendant 4 ans, et projetant d'y redéménager sous peu, j'ai eu grand plaisir à parcourir la catégorie "sorties" qui m'a rappelé de bons souvenirs :)

    Voilà!

    Ici y a que moi d'allergique, au homard/crevette, alors c'est simple, personne n'en mange à la maison par précaution. Mais ailleurs, c'est un perpétuel combat... jusqu'au Subway qui vendait des subs au homards!!!
    Je compatis!!

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