Il y a dix-huit mois, je tenais entre mes mains un petit bout de papier. Trois mots (et quelques autres que je vous épargnerai) : arrêt de travail.
Ouf ! C’est gros, comme choc. Comme événements préparant le terrain depuis dix-huit mois , on a embarqué une première fois dans le train de la dysphasie et de la dyspraxie, connu la maternité pour une 2e fois, puis avec ce nouveau bébé devenu un peu plus grand, on allait recommencer l’histoire du train des dys-…
La nouvelle a eu l’effet d’une bombe dans mon milieu de travail. Peut-être parce que je n’avais jamais verbalisé que cette vie familiale n’était pas de tout repos ? Sans doute parce que je tenais à tout prix à performer et ne rien laisser paraître aussi. C’est cependant des fleurs et de bons mots de réconfort que j’ai reçus de la part de tous. Quel soulagement c’était pour moi, car c’est si difficile de ne pas terminer l’année en même temps que ses élèves…
Pourquoi je fais un billet là-dessus ? Il y a quelques jours, Lise et Une maman qui est prof ont abordé les questions d’épuisement, de burnout, de détresse. Les souvenirs de cette époque ont refait surface. Moi qui pensais à l'époque être seule à vivre ce quotidien alarmant, je sais maintenant que plusieurs connaissent cette réalité.
En mars 2009, je me rendais compte que je disais “oui” à tous les rendez-vous pour les enfants, que je disais “oui” pour faire de l’extra à mon travail, que je menais tout de front. Et puis à un moment donné, j’ai pris une petite pause et en faisant un bilan des derniers mois, le vertige m’a pris.
Après avoir remis la banque d’heures de sommeil un peu plus en ordre, une chose très curieuse mais agréable s’est produite : j’ai commencé à penser à moi. J’ai commencé à penser à ce que je souhaitais réellement comme plan de réadaptation pour Sophie et au parcours que je désirais avoir pour mon fils. J’ai été chercher de l’aide, j’ai mis en pratique des moyens efficaces de gérer cette vie pas facile.
Dans la vraie vie, élever et éduquer des enfants qui ont des besoins particuliers ajoute un coefficient de difficulté aux parents. Parce que le quotidien est différent, parce que l’on doit gérer de la paperasse, des rendez-vous, anticiper, adapter… D'ailleurs, lors des rencontres de collectes de données au CLSC et au centre de réadaptation, on aborde longuement le sujet avec les parents.
Heureusement, cette histoire a un dénouement heureux :
- J’ai écouté à l’époque mon amoureux qui s’inquiétait pour moi.
- J’ai accepté de m’arrêter, d’aller chercher l’aide adéquate.
- Une bonne santé financière me permet d’adapter mon horaire de travail pour réussir à atteindre un équilibre entre l’aide que j’apporte à mes enfants, un peu de répit et la fierté d’aller travailler et aider des élèves, d'autres enfants que les miens, à réussir.
- Je mets en pratique les bons outils et réflexes lorsque je sens que les choses se compliquent.
Les feuilles tombent, les arbres prennent une pause et la vie reprend au printemps.
J'aime l'énergie positive qui se dégage de ce billet, malgré la lourdeur du sujet! Mes enfants sont en bonne santé, n'ont pas de problèmes majeurs (seulement des retards de langage et des suivis pour faible poids) et, malgré tout, le rôle de mère est très prenant. Alors, j'ose à peine imaginer tous les rendez-vous et tout le "travail" qu'il y a à faire avec des enfants qui ont des besoins particuliers.
RépondreEffacerJe vous lève mon chapeau!
Merci de nous transmettre la sagesse que tu as si précieusement acquise!
RépondreEffacerJe suis très touchée par ce billet. On sent une sorte de sérénité après la tempête. Cela m'apaise de te lire, car je sais comme tu as traversé des périodes houleuses, prenantes ! Ce n'est pas fini, mais tu as des outils en main et les utilise bien. Surtout, tu n'as pas oublié la fameuse clé : mettre à soi-même le masque à oxygène pour pouvoir être forte pour aider tes petits, après :) !
RépondreEffacer- D'une amie qui, elle, a carrément lâché l'enseignement après un burn-out ;) xxx
Maman à bord, mes enfants sont aussi suivis pour leur poids. Et ce n'est pas "rien", faire un suivi de retard de langage. Cela demande également du temps et de l'énergie. Mais tu es bien placée pour savoir que c'est en bas âge qu'il faut intervenir...
RépondreEffacerLise, merci pour ton billet qui m'a donné l'occasion de repensé à ces trois mois.
Marie, je répète quelques fois ta phrase et elle m'apparait toujours aussi vraie à chaque fois.
Je pense qu'on ne dit pas assez librement à nos collègues qu'on a vécu de l'épuisement au travail. Entre profs, on dirait qu'on a encore plus peur des préjugés! L'école est tellement un milieu conservateur... L'important c'est d'être conscients de ses limites et de prendre soin de soi.
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