29 août 2007

Questions/réponses à une enseignante

Je ne prends même pas le temps de lire La Presse ce matin, j'ai installé le portable à côté de mon assiette à déjeuner et je blogue.

On parle beaucoup d'école ces temps-ci et je m'aperçois que c'est un monde qui suscite beaucoup d'interrogations. C'est vrai que certains parents se sentent intimidés par la grosse structure qui tourne autour de leur enfant, puis la tâche des enseignants est si complexe de nos jours que oui, on devrait avoir des reportages style "30 jours dans la vie d'un prof..." pour démystifier notre métier. (et s'il-vous-plaît, ne me dites pas qu'en regardant Virginie on comprendrait...)

Mon amie Cécile faisait un billet hier sur le nombre d'élèves par classe. Syndicalement parlant, dans une classe régulière au secondaire, le nombre d'élève maximal est de 32 élèves. C'est un peu la base qu'une école se fixe pour savoir, dans ses prévisions, combien elle engagera d'enseignants pour une année. Certaines écoles prennent la décision de ne pas aller jusqu'à ce nombre, surtout pour le 1er cycle du secondaire. Je peux vous dire qu'une classe de 28 et de 32, ce n'est pas du tout la même chose et ça paraît. D'autres écoles choisissent plutôt d'avoir quelques classes en excédent. Par exemple, l'an passé j'avais un groupe de 32 élèves (avec deux élèves qui présentaient des difficultés de comportement, alors ces élèves, sur papier, "valaient" 1,quelque chose donc j'étais en excédent) et un groupe de 33 élèves. Personnellement, je trouve que c'est tirer sur notre élastique d'avoir autant d'élèves à s'occuper et avec autant d'élèves dans un local qui n'est pas conçu pour en accueillir ce nombre, vous imaginez la difficulté pour chacun de se concentrer.

Ce matin, c'est Marie-Claude Lortie qui en fait un billet. J'ai passé à deux cheveux d'y laisser un commentaire, mais à y lire ceux des autres, qui se cachent derrière l'anonymat d'internet pour y écrire des bêtises, je préfère passer mon tour. Mais voici mes réponses à ses questions :

Le parent fatiguant : est-ce que ça existe ? Euh... oui. Mais j'aime beaucoup mieux un parent qui s'implique dans la vie scolaire de son enfant qu'un parent absent et qu'on ne voit ni entend jamais. J'ai eu, dans ma carrière, un parent qui m'a rejoint à l'école à deux ou trois reprises pour des situations qui s'étaient passées en classe. En fait, il voulait que ça vire en conversation téléphonique d'affrontement, sans que mes explications puissent faire du sens pour lui. Finalement, j'ai pris la décision de ne plus lui parler directement et c'est mon directeur-adjoint qui a été mandaté pour lui répondre. Si on donne notre numéro de boîte vocale en début d'année, c'est justement parce qu'on veut être rejoint par les parents. Une situation familiale qui change en cours d'année et qui mériterait qu'on observe davantage l'enfant ? L'enfant qui revient à la maison contrarié ? Quelque chose à l'école qui cloche ? Oui, on veut le savoir et ça nous aide beaucoup dans notre travail.

Les activités parascolaires Si elles sont organisées par les enseignants, je vous dirais que les tâches des enseignants peuvent changer pendant le mois de septembre, alors c'est pour cela en partie que les activités ne sont débutées qu'après un cycle ou deux. Quand nous recevons notre horaire, en début d'année, on n'y voit que nos groupes-matières. C'est après que la direction nous confirme les activités, puis on les met à l'horaire pour ensuite les diffuser aux élèves.

Fautes d'ortographe Eh oui, ça arrive, je le vois bien. Généralement, on est capable de les éviter. Notre équipe-matière, par exemple, compose la lettre aux parents. On relit tous la version finale chacune de notre côté, puis le directeur-adjoint la relit avant de la signer. Cependant, je vous avoue que je suis surprise de voir certains de mes consoeurs et confrères avoir des difficultés à écrire sans faute, mais tous apprécient qu'on leur indique des fautes à corriger.

Les journées pédagogiques C'est vrai que ça peut sembler beaucoup, 20... mais on en a besoin !! Par exemple, à l'école où j'enseigne, il y a 5 pédagogiques en début d'année. La première journée est le déjeuner du retour, puis l'assemblée générale et en après-midi, l'organisation des salles d'enseignants. Car les concierges ont vidé chaque local pour les nettoyer au cours de l'été. Il y a ensuite une réunion de secteur (tous les profs du 1er cycle) et une réunion par matière. Finalement, il faut du temps pour remettre nos locaux en ordre : aller chercher les ouvrages de références, les manuels, le rétro-projecteur, remettre nos affiches sur les murs, préparer les photocopies, finaliser nos préparations de classe pour les premiers jours, etc.

Les journées pédagogiques au courant de l'année servent beaucoup à faire des mises au point avec l'équipe matière. On discute des évaluations à venir, de celles qui ont passé, des difficultés rencontrées par les élèves. La direction offre aussi des ateliers et du perfectionnement pour notre formation continue.

Je rajoute quelques questions/réponses...

Les enfants voyageurs De plus en plus, les parents n'ont peut-être plus la chance d'avoir des vacances en famille en juillet et août. Et certains préfèrent voyager quand ça coûte moins cher. Oui, il faut en avertir les profs le plus tôt possible pour organiser un moment où l'élève reprendra les examens à son retour ou avant. Personnellement, je ne donne pas à l'élève à l'avance ses devoirs ou des travaux à faire. C'est à lui ou elle de s'organiser à son retour.

Faites-vous connaître ! J'aime bien rencontrer les parents de mes élèves, surtout de mon groupe-tuteur, en début d'année. Si une condition spéciale est présente pour leur enfant (déficit d'attention, médication, allergie alimentaire ou maladie particulière), oui j'aime le savoir par le parent. Souvent, je recommunique après une semaine ou deux avec le parent pour lui dire ce que j'observe, si l'enfant s'adapte bien en classe et dans l'école.

La question existentielle : Donnez-vous des devoirs ??? C'est la question la plus populaire aux rencontres de parents. "Au primaire, mon enfant avait deux heures de devoir chaque soir et en secondaire 1, il n'apporte plus son sac à la maison!" Phrase que l'on entend plusieurs fois.

Ma réponse personnelle, c'est "Oui, je donne des devoirs mais pas à chaque soir. La plupart du temps, ça sera pour terminer un exercice débuté en classe. Il y a aussi des travaux de révision, de la lecture à faire, des notions théoriques à réviser". En fait, j'écris même au tableau ce qu'il faut faire comme devoir et étude, mais ce n'est pas à chaque fois que je circulerai en classe pour voir si un adolescent de 13 ans l'a écrit dans son agenda. Et on ne va pas aux casiers mettre ses choses dans son sac.

Quand ma fille sera en secondaire 1, j'exigerai au début de voir son agenda à chaque soir et je vérifierai ses devoirs et leçons. Ensuite, je ne le ferai que sporadiquement, mais en observant ses habitudes de travail.

Vous pouvez téléphoner à l'enseignant de votre enfant pour lui demander si les travaux sont faits et remis. C'est la meilleure façon de savoir ce qui se passe en classe et de prévenir les mauvaises surprises au bulletin.

Bon, je peux aller lire mon journal en paix maintenant !

1 commentaire:

  1. Ugh. You make me glad I'm a speech-language pathologist. If I had parents constantly asking me if I give homework... either they want you to give it every night and you don't, and they're mad, or you give it every night, and they complain that it's too much. I really like your answer. Very professional! I just started back at work as well... took a short-term contract doing small-group speech therapy with preschoolers. I'll let you know how THAT goes!

    RépondreEffacer