12 avril 2007

Yo-yo humain

Voilà, je suis hors de moi ce matin.

Ma grand-mère était hospitalisée depuis deux semaines parce qu'elle avait perdu beaucoup de forces, n'avait plus de tonus, son état était jugé critique. Elle a repris de l'énergie à l'hôpital, assez pour se tourner un peu dans son lit et nous sourire, parfois pour manger une cuillérée.

Ma mère et ma tante la visitent à chaque jour, pendant le souper, pour l'aider à la faire manger. Ma soeur et moi prenons la relève le weekend.

Sa résidence actuelle n'accepte que les locataires qui sont autonomes, mais en perte d'autonomie. Ça veut dire être capable de sortir de sa chambre, aller s'asseoir et manger seul.

Des rumeurs de congé circulaient pour ma grand-mère. Ma mère a répété à chaque infirmière, docteur, travailleur social qu'elle a rencontré que grand-maman n'était plus autonome, qu'elle n'avait pas toujours la force de marcher et qu'elle devait la faire manger car elle n'avait plus l'énergie de tenir sa cuiller après deux bouchées. Sa place était dans un CHSLD. "Mais elle est trop autonome", qu'on lui répétait.

Ce matin, l'équipe multi de l'étage se rencontre. Le physio fait faire quelques pas à ma grand-mère avec sa marchette. Bravo madame, vous avez votre congé !! Le soir, ma grand-mère retourne à la résidence, ma mère l'accompagne. C'est l'accompagnant de l'hôpital qui est obligé de transporter grand-maman dans son lit. La préposée, paraît-il, n'en revient pas de la détérioration de son état.

Et là, ce qui va arriver ? La Résidence retournera sans doute ma grand-mère à l'hôpital car elle n'est pas, de toute évidence, autonome. Elle l'est seulement pour l'équipe multi qui voulait récupérer une chambre.

Donc ma grand-mère a la malchance de marcher un peu et par cela être classée comme autonome. Donc il faudrait attendre encore qu'elle tombe et là, peut-être enfin, elle ne sera plus autonome et pourra recevoir des soins adéquats dans un CHSLD.

Voilà qui me met bien en colère, de voir comment ses derniers mois seront dépaysants et à quel point on ne tient pas compte du facteur "humain" dans l'évaluation.

2 commentaires:

  1. Anonyme10:03 p.m.

    Chère Isabelle,
    je comprends tellement comment tu te sens. La dignité dans la maladie, on dirait que c'est un concept oublié. Mon papa est entré dans sa chambre d'hôpital sur ses deux jambes le 31 décembre. Au fur et à mesure que son état se détériorait, on demandait des soins appropriés, qui nous étaient refusés. Le 2 janvier, 24 heures avant de mourir, ils ont trouvé un vieux cagibi transformé en "chambre privée" et voulaient qu'il s'y rende en marchant alors que visiblement il n'en était plus capable, et il a fallu faire des pieds et des mains pour qu'ils acceptent... de nous prêter un fauteuil roulant.
    Je t'envoie toutes mes pensées chaleureuses et empathiques, et de ce fait-même à ta grand-maman.
    Marie xxx

    RépondreEffacer
  2. Je travaille dans le milieu de l'éducation et quand on a un classement particulier d'élève à faire, on ne tient pas seulement compte de ses résultats académiques et de son âge. Il faut **toujours** prendre en considération le facteur humain.

    Au sujet de ton père, je connais un peu l'histoire et c'est une autre raison de plus pour laquelle je suis contente que mon père ait pu vivre sa phase terminale à la maison, il y a quatre ans. De la belle musique, un horaire adapté à ses besoins particuliers, il n'a pas eu de stress inutile.

    RépondreEffacer